05/04/2012
à 11h12
Chine : les webcams de
l’artiste Ai Weiwei n’ont pas fait rire Pékin
Images des
caméras de surveillance d’Ai Weiwei.
(De Pékin) Le projet aura duré 46 heures. Avec
dérision, l’artiste contestataire chinois Ai Weiwei avait installé des webcams
dans sa maison, proposant à « ceux qui l’aiment ou qui ne l’aiment
pas » de guetter ses faits et gestes. Les autorités l’ont obligé à les
débrancher.
Ai Weiwei
voulait fêter l’anniversaire en public, Pékin lui a fait baisser le rideau plus
tôt que prévu. Il y a un an l’artiste chinois reconnu internationalement pour
son travail aux milles facettes et ses doigts d’honneur répétés au pouvoir de
Pékin était arrêté et disparaissait pendant 81 jours, soulevant une vague de
soutien dans le monde entier.
Dans un
hommage très personnel à cette détention en dehors de tout cadre légal, Ai
Weiwei avait placé mardi quatre caméras à son domicile, dont les images étaient
diffusées en direct sur le Web. Avec les Weiweicam, Ai faisait une fois de plus la preuve
de sa force de dérision, exhortant les autorités à « faire preuve de la
même transparence ».
« Ils ne donnent jamais de raison »
L’appel n’a
apparemment pas été entendu, puisque qu’Ai Weiwei a annoncé ce jeudi avoir reçu
l’ordre de déconnecter son dispositif. Un simple coup de fil, pas
d’explication, dit-il à l’AFP.
« Ils
ne donnent jamais de raison, je n’ai jamais su le motif de mes 81 jours de
détention. »
Surveillé et filé en permanence
Webcam ou
pas, peu de différence pour l’artiste. « Ma vie est placée sous tellement
de surveillance et de contrôle, que ce soit mon téléphone, mon
ordinateur... » explique-t-il à l’AFP, précisant que son bureau a déjà été perquisitionné,
qu’il avait été plusieurs fois fouillé et qu’il était filé en permanence.
Il
expliquait d’ailleurs au Guardian que la
quinzaine de caméras installées par les forces de l’ordre aux alentours de sa
maison de Caochangdi en font la zone la plus surveillée de Pékin.
Les webcams
de Weiwei ont donc permis pendant moins de deux jours de suivre « toutes
les activités » de l’artiste touche-à-tout, qui ne peut quitter Pékin,
sous le coup d’une mise à l’épreuve censée prendre fin le 22 juin. Le projet
faisait la nique à des autorités qui se comportent selon lui en voyeurs.
Les caméras,
placées au-dessus de son lit, de son bureau et de sa cour, s’adressaient aux
« curieux », qui « l’aiment ou ne l’aiment pas ». Rien à
cacher donc :
« Si
quelqu’un a une photo de moi en train de me curer le nez, ça ne va
m’embarrasser. Je vais faire mon travail et voir ce qu’il en ressort. »
Des provocations qui plaisent aux à l’étranger
Depuis sa
libération, en juin, Ai Weiwei subi les attaques de Pékin, et y répond avec un
sens de la provocation qui plaît à la presse internationale, et attire la mobilisation des internautes pour sa cause.
L’artiste
barbu, qui a notamment participé au design du Nid d’oiseau, le stade olympique
de Pékin a été accusé coup sur coup d’évasion fiscale, puis de pornographie.
Déjà très populaire
pour son œuvre artistique et ses photos documentaires en ligne, il est devenu
le leader d’une dissidence qui ne se cache pas. Une célébrité qui lui offre une
attention constante des médias internationaux durant cette année mouvementée.
Hasard des
dates, les Weiweicams avaient été mises en service au lendemain de trois jours de bâillonnement du Net chinois.
Alors que les réseaux sociaux s’enflammaient depuis quelques temps à propos de
rumeurs de coup d’Etat, Pékin avait décidé d’interdire les commentaires sur
Weibo ou Tencent.
« Je suis supposé être un homme libre »
Avec ou sans
webcams, Ai Weiwei continue donc son travail artistique : il participe à
un projet de design dans le cadre des JO de
Londres, fait l’objet d’une exposition au Jeu de paume à Paris et
en prépare une à Washington pour l’automne.
Il dit
« aller bien », malgré sa situation toujours aussi kafkaïenne.
« Je
suis supposé être un homme libre, à moins qu’ils m’accusent encore et me
mettent en prison. Mais sinon, je devrais être libre. Mais je ne sais pas
vraiment, ce n’est pas clair. »
Les
autorités savent pourtant être claires quand elles le veulent : au
téléphone on lui a expliqué que la mise hors-service des caméras était un
« ordre strict ».
SOURCE : RUE89
Pékin oblige l'artiste Ai
Weiwei à couper les webcams installées chez lui
Le Monde.fr
avec AFP | 05.04.2012 à 07h20 • Mis à jour le 05.04.2012 à 08h22
L'artiste
contestataire chinois Ai Weiwei a annoncé, jeudi 5 avril, que les autorités lui
avaient imposé de couper les caméras reliées à Internet qu'il avait installées à
son domicile de Pékin pour tourner en dérision la surveillance constante dont il fait
l'objet. "Ils m'ont demandé hier de les arrêter, après quarante-six heures
de fonctionnement", a déclaré le dissident, en précisant avoir reçu cet "ordre strict" par un appel
téléphonique. Il a ajouté que les autorités n'avaient pas précisé de motif. "Ils
ne donnent jamais de raison, je n'ai jamais su le motif de mes quatre-vingt-un
jours de détention."
Ai Weiwei
avait été détenu dans un lieu inconnu du début d'avril à la fin de juin 2011,
ce qui avait soulevé une vague d'indignation à travers le monde. Il vit depuis
sous le contrôle rapproché de la police,
sans pouvoir quitter Pékin. En face de son domicile-atelier situé
dans le quartier de Caochangdi, où sont regroupées les galeries artistiques
d'avant-garde, les autorités gardent en permanence une vidéosurveillance. En
installant à son domicile quatre caméras supplémentaires, dont les images
étaient consultables à l'adresse http://weiweicam.com, Ai Weiwei a fait preuve
d'un sens de la provocation qui est chez lui une marque de fabrique mais qui
est rarement du goût du pouvoir en Chine.
"Je leur ai expliqué : vous avez quinze caméras pointées sur moi et la
caméra que j'ai installée dans ma chambre à coucher est exactement la même que celle que j'avais au-dessus
de ma tête durant mes jours de détention. Donc, je vous fais une faveur
en vous permettant de conserver une surveillance rapprochée de mes faits et
gestes", a relaté le peintre, sculpteur et plasticien.
L'artiste,
qui ne ménage pas ses critiques contre le Parti communiste chinois,
avait reçu en novembre 2011 une mise en demeure de régler au fisc une somme de
15 millions de yuans (1,7 million d'euros). Grâce à la mobilisation de trente
mille Chinois, il a ensuite pu verser la garantie nécessaire pour interjeter appel de ce redressement, destiné, selon lui, à le punir de sa trop grande liberté de parole. Les autorités ont
finalement accepté de reconsidérer ce redressement et la procédure est en
cours.
SOURCE : LEMONDE.FR
Sous surveillance en Chine, Ai
Weiwei installe des webcams chez lui
Le Monde.fr
avec AFP | 03.04.2012 à 10h53 • Mis à jour le 03.04.2012 à 17h06
Image
extraite mardi à 16h35 (22h35 à Pékin) des webcams placées chez l'artiste Ai
Weiwei.
L'artiste
contestataire chinois Ai Weiwei a annoncé, mardi 3 avril, avoir installé à son
domicile de Pékin quatre caméras reliées à Internet, pour tourner en dérision
la surveillance constante dont il fait l'objet.
"Ma vie
est placée sous tellement de surveillance et de contrôles, que ce soit mon
téléphone, mon ordinateur... Notre bureau a été perquisitionné, j'ai été
fouillé, chaque jour je suis filé, il y a des caméras de surveillance en face
de chez moi", a-t-il
déclaré. "Alors je me suis dit, pourquoi pas installer [des
caméras] ici afin que les gens puissent voir toutes mes activités",
a-t-il poursuivi. "J'espère qu'en face [du côté des autorités],
on fera également preuve d'une certaine transparence." Ai Weiwei avait
été détenu dans un lieu inconnu de début avril à fin juin 2011, ce qui avait
soulevé une vague d'indignation à travers le monde. Il vit depuis sous
surveillance, sans pouvoir quitter Pékin.
Ai Weiwei
devant l'une de ses webcams, mardi matin.
Une des webcams
tourne au-dessus de son lit, une autre a été placée à son bureau. Les images
sont consultables sur un site dédié. L'artiste touche-à-tout et dissident, qui
ne ménage pas ses critiques contre le Parti communiste chinois, avait annoncé
en novembre 2011 avoir reçu une mise en demeure de régler au fisc une somme de
15 millions de yuans (1,7 million d'euros). Grâce à la mobilisation de 30 000
Chinois, il a ensuite pu verser la garantie nécessaire pour interjeter appel de
ce redressement, destiné selon lui à le punir de sa trop grande liberté de
parole. Les autorités ont finalement accepté de reconsidérer ce redressement et
la procédure est en cours.
SOURCE
: LEMONDE.FR
Ai Weiwei libéré : à quoi joue le gouvernement chinois?
Ce matin, le net chinois est presque vide de tout commentaire
sur la libération d'Ai Weiwei. Seule la dépêche officielle, lapidaire,
est disponible. A l'étranger, on s'interroge sur les raisons de cette
soudaine libération.