Taryn SIMON, Plastic pitcher of salami, Eastern Europe (9CFR.94) (prohibited), 2009.
Taryn SIMON, Bird corpse, labeled as home décor, Indonesia to Miami, Florida (prohibited), 2009.
Taryn SIMON, Blue and yellow pharmaceutical pills awaiting testing, Pakistan (prohibited), 2009.
Taryn SIMON, Chicken feet (Avian InfluenzaNewcastle Disease) (9CFR.94) (prohibited), 2009.
Taryn SIMON, Cigarettes, eight cartons, Marlboro (passenger declined to pay tax) (abandoned), 2009.
Taryn SIMON, Cow dung toothpaste, India (BSE, Foot and Mouth Disease) (9CFR.94.6) (prohibited), 2009.
Taryn SIMON, Cow hoof bottle, European origin (BSE, Foot and Mouth Disease) (9CFR.94) (prohibited), 2009.
Taryn SIMON, Cuban cigars, Juan Lopez, Hoyo De Monterrey (Foreign Assets Control) (prohibited), 2009.
Taryn SIMON, Deer antlers (9CFR.94, CITESESA) (prohibited), 2009.
Taryn SIMON, Deer penis, Asian origin (9CFR.94) (prohibited), 2009.
Taryn SIMON, Dry khat, Catha edulis, Kenya (illegal), 2009.
Taryn SIMON, Dry khat, Catha edulis, Kenya (illegal), 2009. (2)
Taryn SIMON, DVDs, Lost, Season 4 (pirated), 2009.
Taryn SIMON, GBL, Poland (used as date rape drug) (illegal), 2009.
Taryn SIMON, Gemstones, Sri Lanka (held, pending appraisal), 2009.
Taryn SIMON, Gold dust, India (undeclared), 2009.
Taryn SIMON, Guinea pigs, Ecuador (CUI) (prohibited), 2009.
Taryn SIMON, Handbag, Louis Vuitton (disguised) (counterfeit), 2009.
Taryn SIMON, Heroin, from India to NY (illegal), 2009.
Taryn SIMON, Horse sausage, Eastern European origin (natural casings) (9CFR.94) (prohibited), 2009.
Taryn SIMON, Hydrocodone, India (illegal), 2009.
Taryn SIMON, Ketamine, India (illegal), 2009.
Taryn SIMON, Nesting dolls with Disney characters, Snow White (counterfeit), 2009.
Taryn SIMON, Oxalis tuberosa, Peru (7CFR) (prohibited), 2009.
Taryn SIMON, Peppers, Capsicum spp., Ghana (prohibited), 2009.
Taryn SIMON, Percussion pistol, Enfield 1858, Afghanistan (unlicensed), 2009.
Taryn SIMON, Perfume and cologne (counterfeit), 2009.
Taryn SIMON, Sala, lard, Ukraine (9CFR.94) (prohibited), 2009.
Taryn SIMON, Sala, pork fat, Ukraine (9CFR.94) (prohibited), 2009.
Taryn SIMON, Sexual enhancement drugs, Artillery King, China (prohibited), 2009.
Taryn SIMON, South African Cycad with soil (7CFR319.37-7CFR 330.400 & CITES-ESA) (prohibited), 2009.
Taryn SIMON, Speedway SuperAmerica MoneyGram, International money orders, US$870.20 each (counterfeit), 2009.
Taryn SIMON, Steroids, Testosterone & Sustanon, Pakistan (illegal), 2009.
Taryn SIMON, Unidentified liquid, hidden in thermos in satin bedding, 2009.
Taryn SIMON, Unidentified mammal, Indonesia (prohibited), 2009.
Taryn SIMON, Unidentified white powder, 2009.
Taryn SIMON, Unmarked pills, China (prohibited), 2009.
Taryn SIMON, USA American Visagra, Viagra, China (counterfeit), 2009.
SOURCE : TARYN SIMON
SOURCE : CENTRE POMPIDOU
Taryn Simon/ Le mystère des lieux : le pouvoir mis à l'index
Certaines photographies de Taryn Simon issues de An American Index of the Hidden and Unfamiliar sont présentées en alternance dans l’accrochage elles@centrepompidou. S’insérant dans la section « Témoignages », elles renouent habilement avec la notion d’index photographique : leur fonction première consiste à orienter le regard pour découvrir des lieux secrets. La jeune photographe new-yorkaise veut pointer du doigt ces endroits dont le pouvoir interdit habituellement l’accès (chambres politique, sociale…). Un article récent paru dans Frieze compare la démarche de Taryn Simon au déverrouillage d’une Boîte de Pandore. Or, dans la mythologie grecque, Pandore, aussi appelée « Anésidora » (« celle qui fait sortir les présents des profondeurs ») est la première femme, celle qui ouvre le coffret (détenant tous les maux de l’humanité) par excès de curiosité. Seule ἐλπίς (pouvant être traduit comme l’espérance ou l’attente) reste contenue dans la boîte. Pour Taryn Simon, la photographie (latente ou immédiate) est un symptôme. Serait-ce la trace d’un espoir resté intact dans le boîtier photographique ?
Avec An American Index of the Hidden and Unfamiliar, Taryn Simon entreprend de réaliser un inventaire atypique et surprenant. Ici, elle montre des lieux soustraits à la représentation du rêve américain ; là-bas des espaces qui participent davantage de certains fantasmes, au contraire. Ainsi des vues inédites d’endroits classés confidentiels sont complétées à grand renfort de légendes atones mais détaillées, procédant de la signature « Simon ». La photographe ne cherche pas à donner son point de vue ; le parti pris formel permet d’aborder les sujets de front, en pleine lumière. L’angle mort cède le pas au grand angle photographique, certes, mais dans un esprit d’impartialité relative. Pour Taryn Simon, la photographie est un signe. Elle a bonne mémoire. Suffisamment labile pour s’insinuer dans les lieux vacants du regard (en amont, au moment de la prise de vue) puis pour s’exposer au contraire sur les cimaises des plus importants musées, elle s’infiltre, partout. Ainsi nous sont dévoilées quelques arcanes du corps social américain sous le sceau de l’objectif. Serait-ce un écho à l’œuvre ouverte ? Regardant derrière l’écran de fumée, Taryn Simon parvient à déceler un support écran propice à générer une matrice nouvelle pour l’imaginaire.
Malgré la rigueur et la sobriété des prises de vue, ses photographies ne se résument pas à leur fonction documentaire. Il n’est qu’à jeter un regard sur The Hoh Rain Forest pour comprendre à quel point de telles œuvres se dissocient des commandes qu’elle réalise en parallèle pour le New York Times magazine. Taryn Simon considère ce travail comme « l’antithèse esthétique du photojournalisme ». Faisant face à cette forêt luxuriante, le public est séduit par la richesse de la gamme chromatique offrant une multitude de verts partagés entre les mousses et les feuillages. Découvrant sa portée graphique, les spectateurs manifestent leur étonnement : « Est-ce une photographie ? » La réception s’effectue alors en deux temps : d’abord l’attraction visuelle, ensuite la lecture du texte accompagnant l’image. Ici, la légende étaye le caractère fantastique de la représentation. Dans cette notice, le lecteur apprend que cette forêt possède une espèce d’If du Pacifique dont sont extraites certaines molécules anti-cancéreuses. Devenus un fleuron de la recherche médicale, les pouvoirs naturels de cet arbre renforcent la beauté de l’image. La forêt se pare d’une dimension merveilleuse et renoue avec les nombreux symboles qu’elle cristallise (depuis Tristan et Iseult où elle sert de refuge jusqu’à la forêt inexplorée et au repaire du guérisseur décrit par Pierre Alféri). Cette œuvre est particulièrement représentative du travail de Taryn Simon. Le choix de sa présentation s’associe plus généralement au caractère judicieux du parti-pris curatorial. L’accrochage du Centre Pompidou montre une, voire deux photographies ensemble : l’attention est concentrée sur un lieu, un détail, un punctum fort, essentiel pour comprendre tel ou tel aspect relatif à l’Amérique ou à la société actuelle. L’image au singulier exhorte sa singularité. Associée à une autre, elle multiplie les zones de réflexion.
S’agit-il de créer un équivalent plastique du « réalisme magique » mis en œuvre par Salman Ruschdie (sans doute n’est-ce pas un hasard s’il signe l’Avant propos de l’ouvrage) ? Récemment récompensé par The International Center of Photography’s Infinity Award, le livre de Taryn Simon entend peut-être renouer avec le projet des non sites (pouvant être entendu comme « Non Sight », le non vu), tel qu’ils furent pensé au moment du Land Art : soit des lieux propices au déplacement et au détournement via leur introduction dans l’espace muséal. Evoquant ce projet établi sur quatre années, Taryn Simon insiste sur « le pouvoir de persuasion » nécessaire pour obtenir les autorisations en amont, puis en aval, pour convaincre le public. Une mission accomplie avec succès.
Muriel Berthou Crestey.
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